Jolebo (épisode 0) : "L'éveil"

C'était le printemps, les plaines étaient verdoyantes et le soleil apportait son lot de joie malgré la rudesse du monde dans lequel vivaient les habitants du continent de Gorak.

Sur l'île de Delos, un jeune homme s'éveillait lentement, comme s'il venait de débarquer d'un pays lointain et s'était échoué sur une plage...

Il était étendu dans un lit de lin blanc, dans la demeure humble et chaleureuse de la belle et blonde Irina Looma ; arrière arrière arrière petite fille de la célèbre élémentaliste Morgane, connue dans le bourg pour sa bonté et son respect envers les oeuvres de la nature...



Le jeune homme se nommait Jolebo et ne savait pas d'où il venait ni... il se souvenait à la fois de si peu de chose ... et de tant de choses ! Quelles étaient ces éléments issus du rêve ou de la réalité, il l'ignorait. Irina lui épongea le front à plusieurs reprises durant ces heures où il dormit, légèrement fiévreux, et quand il s'éveilla, elle était toujours là, pleine de compassion à son égard...

Apeuré, il se leva d'un bond, avant de retomber à genoux, encore faible. Il regarda la femme, il regarda autour de lui, et il regarda à nouveau la femme.
- Que ... qu'est-ce que je fais ici ? Où suis-je ? suis êtes-vous ?

Il semblait être un peu paniqué, malgré qu'il essayait de ne pas le montrer.

Irina paniqua un peu elle aussi ; surprise du bond qu'avait fait son invité. Puis, elle se ressaisit et l'aida à se relever.

"Calmez vous, vous êtes encore un peu faible... mais vous êtes en sécurité ici, au village de Eirini ; sur l'île de Delos. Nous vous avons trouvé il y a quelques jours, inconscient sur la plage et nous vous avons soigné."

Elle lui fit une caresse pleine de compassion dans les cheveux et dit :

"Je suis Irina Looma. Et vous ?"

Jolebo déglutit devant la beauté de la femme qui l'avait recueilli. Il se demanda un instant s'il n'était pas tombé dans un quelconque paradis et si la femme n'avait pas autre chose que des soins à lui offrir. Mais il chassa cette idée tout de suite quand il sentit que son anatomie ne supporterai pas ça. Il essaya ensuite de s'imaginer inconscient sur une plage, avec une femme en vêtements blanc immaculé s'approchant pour lui éponger le front.

Le vent soufflait fort, ce jour là, mais le soleil ne semblait pas s'y intéresser car, comme tous les jours, il s'était levé pour inonder la plage de ses rayons bienfaiteurs. Si la plage était silencieuse, elle n'en était pas pour autant comme d'habitude. Non, car aujourd'hui, une créature insolite s'y trouvait échoué. Un jeune homme d'une vingtaine d'année, couvert du sable que le vent avait décidé de lui donné, et endormi. Endormi ou inconscient, au fait. Difficile à dire.
Puis, sorti de nul part, une jeune femme accouru, en criant un juron poli et en se demandant ce que pouvait bien faire cet homme seul et couché au bord de l'eau. Elle remarqua bien vite qu'il ne s'agissait pas de ça, et l'emmena dans sa maison après avoir essayé de le réveiller, ... sans succès.

Maintenant, le jeune homme s'était réveillé, surpris, et avait posé des questions. Les deux protagonistes avaient échangé quelques mots stressés, pour en venir à la question classique du "qui êtes-vous", à laquelle le jeune home répondit du mieux qu'il pouvait :
- Je suis Jolebo, et si ce que vous me dites est vrai, je vous remercie.

"Ce n'est rien, répondit Irina toujours pleine de compassion envers le pauvre garçon, vous êtes le bienvenu dans ma modeste maison et bien sûr dans notre village. Tous ceux qui vivent dans la paix sont nos amis ici sur Delos. Mais ... Savez vous ce qui vous est arrivé pour vous être retrouvé inconscient sur l'une de nos plages ?"

La demeure était certes modeste mais charmante. Au demeurant, il n'y avait qu'une seule chambre à l'étage dans lequel se trouvait Jolebo ; chambre qui apparemment était celle d'Irina. Derrière un encadrement, un escalier menait au rez de chaussée. C'était une typique maisonnette de campagne. La fenêtre de la chambre comportait toutefois un carreau. Elle était ouverte et l'air frais pénétrait agréablement dans la maison chauffée par les rayons du soleil. Des lierres grimpaient le long de la façade et encerclaient la fenêtre. Des oiseaux sifflotaient non loin, ayant sans doute fait leur nid sur le toit de la maison. Sur le rebord extérieur était accroché un pot avec des fleurs magnifiques. Tout ici respirait le bonheur. Par delà, on apercevait un village guère commun où la boue et la crasse n'étaient pas le quotidien des habitants. Les gens s'y promenaient l'humeur gaie et se saluaient aimablement. Si ce n'était pas le paradis, ça y ressemblait...

Irina tendit un gobelet en bois rempli d'une eau fraiche et revigorante à Jolebo dont l'esprit était encore un peu embrumé. Des souvenirs et des rêves se mélangeaient, certains d'entre eux très étranges, d'autres plus ordinaires, mais tous semblaient mener à une ère de désastre nécessaire avant une renaissance glorieuse...

Jolebo prit le gobelet et s'assit sur le lit, il était plongé dans ses pensées, qui se mélangeaient et se mélangeaient ...

Des visages se mélangeaient aux flammes dans les pensées de Jolebo. Des visages familiers dont il ne se souvenait pas ou si peu. Des mondes inconnus aux hautes tours revenaient aussi dans son esprit, avec des choses métalliques qui volaient dans le ciel... mais tout cela aussi disparaissait dans les flammes et puis dans le néant. Quand tout redevenait calme dans sa tête, il lui restait vaguement l'image d'une eau bouillonante vers laquelle il plongeait...

Il eut un petit sursaut. La main d'Irina s'était posée sur son épaule. Le gobelet, heureusement vide à cet instant là, retomba lourdement sur le sol.

"Vous allez bien ? Avez vous besoin de quelque chose ?"

Elle avait l'air inquiète ; comme ces animaux qui sentent la tempête bien avant qu'elle n'arrive...

Un bateau ; qui faisait la liaison entre le continent de Gorak et les îles, arriva en vue des côtes de Delos, se dirigeant vers la petite cité à proximité du village d'Eirini...

Parmi les passagers, un homme mystérieux avait rendez vous avec le destin ...

Jolebo se leva, jeta un rapide coup d'oeil à la pièce, qui n'avait pas changé depuis tout à l'heure, fronça les sourcils en voyant la porte, et s'y dirigea à pas rapides. Il tourna un instant la tête vers le jeune femme pour lui dire qu'il voulait prendre l'air, que ça tête lui faisait mal, avant de pousser la porte et de respirer un grand coup ...

Après deux petite minutes, il avait les pieds dans l'eau, et les yeux rivés sur un bateau qui s'approchait lentement du rivage ...

Irina sursauta en voyant ainsi Jolebo dévaler quatre à quatre les escaliers menant au rez de chaussée et quitter sa maison en courant vers le rivage où ils l'avaient trouvé. Elle trotta à sa suite, inquiète. Avait il eu une prémonition comme on le disait à propos des gens de son espèce ? Une bonne ou une mauvaise , cela restait encore à définir...

Jolebo descendit donc rapidement le chemin dégagé qui menait à la plage et à l'embarcadaire où les quelques pêcheurs du villages s'ammaraient. Il observait au loin et Irina fit de même. Tout ce qu'elle aperçut c'était un bateau qui faisait la navette vers la cité, qui se trouvait à plus de trois kilomètres d'ici. Ce bateau avait l'air d'inquiéter le jeune homme. S'y trouvait il une menace pour lui ? Irina avança la main vers l'épaule de Jolebo et murmura son nom, un peu craintive d'une mauvaise réaction...

Julian ; du pont du bateau, observa le rivage d'un petit village du nom d'Eirini et vit un jeune homme se précipiter sur la plage suivi d'une jeune élémentaliste en tunique blanche. Il sentit que son destin s'accomplissait, mais hélas son bateau ne s'arrêtait pas au village mais trois ou quatre kilomètres plus loin, à la cité d' Ektêsis. Il faudrait attendre encore un peu avant la rencontre...

Jolebo se retourna lentement, sourit à la jeune femme, pris sa main, et posa l'autre sur son bras.
- Dites-moi ce qu'il faut que je fasse, maintenant. Je n'ai aucune idée d'où je suis ni de ce que je fais là.

Ses yeux étaient rivés dans ceux de la femme, mais sa pensée était ailleurs, il réfléchissait. Quelle était l'étape suivante ?

Irina était attristée par la détresse de Jolebo. Leurs mains en contact lui communiquaient des ondes empathiques puissantes et même si elle n'était pas une devineresse elle se rendait compte par elle même que ce jeune garçon avait un destin exceptionnel, un passé mystérieux et chargé et un avenir sombre et glorieux. Elle baissa les yeux un instant et dit :

"Je... Je ne sais qui vous êtes , mon jeune ami, mais les prêtresses m'ont dit ce que vous étiez : un Elu !"

Et elle l'entraina par la main le long de la plage, non en direction de la ville où se rendait le bateau mais dans la direction opposée où les falaises prenaient de la hauteur. Moins d'une heure plus tard, ils arrivèrent auprès d'une femme qui semblait parler avec les vents et les vagues. Derrière elle, un escalier de bois grimpait jusqu'à une ouverture dans la falaise ; sans doute son antre...

Irina présenta Jolebo à Perséphone, qui connaissait des choses mystérieuses sur des mondes étranges. Des mondes d'avant, des mondes d'après mais aussi des mondes à côté et peut être même des mondes au dedans, voire au dehors de celui ci.



Perséphone malgré une certaine froideur sourit du coin des lèvres au jeune homme et lui demanda ce qu'il voulait savoir, par quoi il voulait commencer ...

"Je comprends que tu sois inquiet mais j'ai les réponses à tes questions. Poses m'en une à la fois, même si son sujet est large et j'y répondrai, quoi qu'il nous en coûte, jeune Elu."

Elle avait un accent sensuel avec des R qui roulait sous sa langue comme si elle ronronnait en même temps qu'elle parlait...

Jolebo déglutit, il se trouvait entre deux femmes, dont une habillée étrangement. Il s'assit sur une pierre qui dépassait, ronde, le dos tourné vers les femmes.
- Comment puis-je vous faire confiance ? Qu'est-ce que c'est, un élu ?

Il avait la tête entre les mains, et les yeux fermés.

Cerrunos était enfin arrivé du sud sur l'île de Delos ; puis avait voyagé dans les collines et longé la côte pour finalement mettre pied à terre dans le sympathique village d'Eirini.



Il attacha son cheval et se rendit dans la taverne où les hommes se retrouvaient pour boire un pot et s'amuser un peu. Il avait quelques connaissances des lieux et savait que depuis de nombreuses années, la population du village était à grande majorité féminine. Il paya pour que l'on s'occupe de son cheval et demanda si quelqu'un avait aperçu un jeune homme dont il montra une peinture faite sur une toile qu'il avait roulée dans un tube de métal. Les hommes à l'intérieur de l'établissement ne furent guère bavards, la plupart répondant honnêtement par la négative.

Aussi, Cerrunos sortit et se promena dans le village. Si l'Elu était là, il ne pourrait que le ressentir...

Perséphone comprit que Jolebo était vraiment démuni face à sa situation. Irina s'était assise auprès de lui et lui tenanit la main, comme pour l'aider à aller mieux.

Perséphone dit alors :

"Il existe un monde bien au delà du nôtre ; que certains confondent avec les royaumes divins. Dans cet univers lointain dans lequel se trouve le nôtre, vivent des êtres qui se réunissent entre eux et s'incarnent dans notre monde. Ils choisissent des avatars qui sont des réceptacles vivants et y envoient leur esprit. La fusion des deux est ce que nous appelons des Elus."

Elle laissa à Jolebo le soin d'ajouter quelque chose, de poser une autre question, avant de poursuivre.

"Les Elus sont des êtres particulier qui échappent ; ou du moins en ont la possibilité, au destin auquel toutes les autres créatures de l'univers sont soumises."

Jolebo déglutit, il resta un long moment sur place pour réfléchir. Ce monde devait être grand, mais ... par où devait-il commencer pour l'explorer ? Et comment rentrerait-il chez lui ?

Irina rassura Jolebo comme elle le put.

"Ne t'inquiète pas ! Si les Elus s'incarnent dans notre univers, c'est pour une bonne raison. C'est comme être un héros, tu sais ?"

Mais Perséphone ; plus pragmatique, enchaîna.

"En effet, ce n'est pas sans raison, jeune Jolebo ! (Comment savait elle son nom ?) Mais tu dois t'attendre à une longue et tragique destinée où tu verras souffrir et mourir ceux que tu aimes. C'est une force cosmique qui engendre les Elus sur cette terre où nous vivons, une puissante entité du nom de Balance Cosmique et les Elus sont ses Gardiens !"

Jolebo se releva, soudain, lâchant la main de la jeune femme, et hurla :
- Mais je dois faire quoi, bon sang !

Irina sursauta et parut désemparée face au coup de sang de Jolebo. Mais pas Perséphone. Pas le moins du monde !!!

"Tu veux savoir ce que TU dois faire ou ce que doivent faire les Elus en ce bas monde ?"

Perséphone se leva ; ses longs cheveux noirs virevoltants sous la fureur du vent de bord de mer, puis, guère gênée par sa nudité, approcha du jeune homme, troublante, sensuelle, comme si la vie, aussi dure soit elle, n'était qu'un jeu.

"Sinon, sourit elle, tu peux aussi simplement attendre ici. Des gens te cherchent et te trouveront très bientôt. Certains pour t'aider, d'autres par contre ..."

Elle lui caressa la joue, puis, fit volte face et commença à marcher vers son habitat dans la falaise...

- Que doivent faire les élus, comment et quand ? Où ? Si j'attends, ce sera pendant combien de temps ? J'ai faim. Qui êtes-vous ? Etes vous humaines ? Qui est-elle ? Pourquoi ce coup de main, alors qu'on aurait pu me laisser mourir ? Pourquoi cette gentillesse, cet ... Que dois-je faire ? Que puis-je faire ? Ou suis-je ? Comment vous remercier ? Qui peut me guider ?

Il prit une grande inspiration, et termina :
- A l'aide. Donnez-moi un nom et une direction, et je survivrai.

Perséphone s'arrêta sans se retourner et quand Irina voulut intervenir, elle la stoppa d'un geste de la main. Puis, elle répondit à Jolebo.

"Les Elus ont le pouvoir d'être des électrons libres et faire ce qu'ils veulent. Mais la Balance a contribué à leur création dans un unique but : assurer la longévité et la grandeur du Multivers. Elle ne veut aucune victoire absolue, ni du bien ou du mal, ni de la loi ou du chaos... et encore moins du milieu, elle attend des Elus qu'ils contribuent à une sorte de mouvement perpétuel infini et éternel. Un équilibre dans l'action, de l'unité dans la diversité..."

Puis, elle soupira et dit :

"Il n'y a donc pas de quand ou de comment car c'est partout et en tout temps que la Balance réclame ses Elus qu'elle souhaite être et rester des agents de l'Ordre du Temple ; des Gardiens."

"Un homme est arrivé au village. Il te cherche et sera ici bientôt. Pendant ce temps là, d'autres arrivent en bateau pour toi aussi. Parmi eux se trouve un autre Elu. Ils sont de deux groupes différents et te veulent avec eux, quoi qu'ils diront devant toi."

Jolebo eut de brèves et fulgurantes visions des personnes qui le cherchaient :

Spoiler:

"Comme Irina te l'a dit je suis Perséphone et ... je suis une déesse rejetée des siens pour avoir trop voulu gouter au pouvoir. Depuis, j'officie ci et là, prodiguant conseils et divinations, sans doute pour me racheter de mes péchés."

Elle se retourna enfin vers Jolebo. Une encre noir semblait disparaitre dans ses yeux qui redevenaient normaux. Elle souriait.

"Pourquoi laisserai je mourir un Elu alors que nous avons tous tant à y gagner ? Moi y compris ! Tant de gens voudront être un guide pour toi mais un seul sera compétent pour l'ensemble des Elus : c'est un homme que l'on appelle Fury ! Mais ... voudras tu de lui comme mentor ?"

Il s'assit et se mit à réfléchir.
- Vous en savez plus long sur lui, n'est-ce pas ?

"Bien sûr !"

sourit Perséphone avant de se rapprocher à nouveau de lui

"J'ai déjà eu affaire à lui de nombreuses fois, en bien comme en mal ! Et l'homme arrivé au village travaille pour lui."

Elle regarda le long de la côte, en direction du village.

"Tu veux que je te parles de Fury ? Il y a tant à dire et si peu à la fois..."

Puis, lui faisant face de très près, elle plongea son regard envoûtant dans ses yeux. Et il vit des choses...



Et les choses qu'il vit , il ne put clairement les décrire tant elles étaient étranges mais il sut qu'elles étaient liées de près ou de loin à l'homme surnommé Fury...

Il vit d'immenses disque de métal se déplacer dans l'espace infini où seuls les dieux devraient se mouvoir.

Il vit des créatures affreuses et d'autres plus affreuses encore hanter la nuit des temps et s'endormir pour l'éternité, agitant de longs tentacules dans les ombres des esprits humains, les poussant à de perverses folies.

Il vit des étoiles naitre et d'autres mourir dans des fracas d'explosions cosmiques.

Il vit des joyaux luminescents s'adresser aux races du Multivers et s'unir à eux.

Il vit le symbole d'une balance dorée aux quatre plateaux.

Il vit des angélus et des démons, des dragons et des automates de métal s'affronter dans des guerres éternelles.

Il vit des choses comme des villes futuristes périssant sous le feu atomique, il vit la barbarie, la sauvagerie, le meurtre, la colère.

Il vit des hommes dans l'ombre, agissant tantôt pour le bien tantôt le mal. Il vit ces soldats anonymes servir la Loi ou le Chaos indiféremment selon qu'ils menaçaient l'équilibre.

Il vit un serpent se mordre la queue et des druides préparer la fin du monde.

Il vit, il vit... tellement de choses que son nez saigna, mais il sut que Fury n'était jamais loin derrière tous ces évènements.

Puis, il vit Fury...



Et Fury le vit lui aussi. Jolebo se réveilla à nouveau auprès des deux femmes. Perséphone semblait amusée du trouble qu'elle provoquait.

"Voilà qui est Fury. Serais tu prêt à suivre un tel homme ?"

Jolebo fit face à la magnifique Perséphone, et lui rendit son sourire.
- Vous êtes charmante, et votre historie très troublante. Mais je vous avoue être sceptique. Rentrons au village, je réfléchirai sur le chemin.

Il se tourna vers l'autre femme, et lui sourit aussi :
- Sans vouloir abuser de votre hospitalité, ... je pourrais manger quelque chose, s'il vous plaît ? Après, je parlerai aux hommes qui me cherchent, mais d'ici là : réfléchir et me remplir l'estomac.

Il se décida donc à retourner au village, mais surtout à regarder s'il n'était pas drogué, car ce qu'il avait vécu était tout bonnement impossible. Quel âge avait-il pour qu'on lui fasse une telle farce ? Et surtout, qui était responsable ?

Il rêvait de le savoir, pour pouvoir lui rendre la pareille aussitôt. Ce décor fantastique avait dû couter une fortune ... et sur quelle île était-il ? Combien de temps avait-il été "inconscient" ?

Mais encore : pourquoi lui faisait-on ça ? Etait-ce un test ?

Il descendit le petit surplombement en tentant de ne pas tomber et glisser sur les pierres roulantes. De temps à autres, il devait se rattraper à la femme qui l'accompagnait.

Dés qu'il fut en bas, il la regarda dans les yeux, et lui dit merci. Puis il se tourna vers le village, et sans un mot, attendit que quelqu'un lui indique où il pourrait se repaitre d'une bonne nourriture.
- J'espère que ce que vous mangez n'est pas aussi étrange que votre monde, ma chère.

C'en était fini de "jouer le jeu". Il voulait en avoir le cœur net. Il ne mangerait rien dont il n'aurait pas vu la préparation. Le droguer, d'accord, mais maintenant, c'était terminé.

On ne lui referai jamais le même coup. Sceptique il est.